V DEL TEMPO ORDINARIO - Mt 5, 13-16


Ndoumbi (Cameroun) 6 février 2011

Chers sœurs et frères c’est avec joie et émotion que je reviens a Ndoumbi pour la troisième fois. J’ai vu, pendant ces jours que je suis ici, beaucoup des choses qui ont étés faites : l’église si belle et accueillante , le clocher, la maison des pères, le sanctuaire … et tout ce que doit encore arrivé.

Je suis sûr que le Seigneur vous aime et vous comble de toute espérance et de confiance pour l’avenir, surtout qu’il vous bénisse pour la croissance de votre foi et de votre charité afin que vous vous aimiez l’un l’autre comment il nous a aimé. C’est en effet cela le but de notre foi, c’est le but d’une communauté chrétienne, selon la parole de Jésus dans l’évangile que nous avons écouté : Vous êtes le sel de la terre … Vous êtes la lumière du monde.

Celui qui vive les Béatitudes, celui qui avance chaque jour dans la foi et dans l’amour, come nous disait l’évangile le dimanche dernier, celui-ci est le sel et la lumière de la terre. Le sel, on ne le mange pas à la cuillère. Il n’est utilisable qu’en petite quantité et mélangé aux d’autres aliments. Il doit s’y dissoudre. On ne le voit plus. Ce n’est qu’en mangeant qu’on s’aperçoit de sa présence. Mais c’est aussi vrai que sans le sel, plus de vie est possible : les carences s’installent et la santé se dégrade.

Ce n’est pas seulement du goût qu’il faut donner à la terre ou lui permettre de la conserver, c’est question de vie pour la terre. Les disciples peuvent donner la vie de Jésus à la terre, la vie qui est amour, pardon, tendresse et joie, c’est à dire la vie éternelle, la vie qui détruit la mort.

Ainsi au commencement, le monde était sans vie et enveloppé de ténèbres. Dieu fait jaillir la lumière : la vie apparait et se développe. On ne peut pas vivre sans lumière. Lumière du monde et sel de la terre sont les disciples des béatitudes qui vivent une vie humble, pauvre, désarmée, miséricordieuse, mite qui apparait marginale face à un monde qui fait de tout pour enrichir, pour être puissant et fameux.

Toutefois c’est de ces disciples que le monde a besoin, justement comme la vie ne peut manquer de saveur et de lumière. Dans le monde, les disciples du Christ ont à faire jaillir la lumière et donc la vie, la lumière et la vie du Ressuscité. Mais comment ? Comment être lumière du Christ dans nos villages ? Comment donner la saveur à notre vie quotidienne, au travail et à nos relations ?

Ma présence ici est grâce à l’invitation que mes confrères m’ont a fait pour fêter notre fondateur, St. Pierre Julien Eymard, qui est né a La Mure en France le 4 février 1811, donc il y a 200 années de sa naissance et de son baptême. Aujourd’hui nous fêtons aussi la naissance au ciel du bienheureux François Spinelli, fondateur des Sœurs adoratrices. Donc nous avons beaucoup de lumière et beaucoup du sel aujourd’hui en célébrant la fête de ces deux personnages tellement particuliers qui brillent dans la nuit de ce monde, selon les paroles du psaume 111que nous avons répétées : Dans la nuit de ce monde, brille la lumière du juste !

Le père Eymard qui a vécu bien longtemps avant nous, lointain par la géographie et lointain par le temps, nous le célébrons comme apôtre de l’Eucharistie. Encore aujourd’hui il y a des pères et des sœurs qui dans le monde cherchent de suivre Jésus et son évangile à la façon du père Eymard qui aimait tellement Jésus dans l’Eucharistie de tout donner à lui : toute sa vie, son intelligence, sa volonté, son amour, à fin que l’évangile puisse devenir sel et lumière de la terre.

Mais il fau mieux comprendre de quelle façon le père Eymard a été sel et lumière. Le lendemain de sa naissance, le 5 février, Pierre Julien fut porté à l’église paroissiale et fut baptisé par le curé : encore aujourd’hui l’église de la Mure conserve l’antique cuve en pierre ou Pierre Julien fut baptisé. Lorsque, plus tard le Père Eymard reviendra dans son pays natal, il ne manquera jamais de vénérer le baptistère de sa paroisse, comme il aimera célébrer l’anniversaire de son baptême.

Le 5 février 1846, le Père Eymard écrit à sa sœur Marianne, qui avait été sa marraine: C’est un si beau jour pour moi, c’est le plus beau jour de ma vie : c’est aujourd’hui que j’ai eu le bonheur d’être baptisé (OC II, 50-51). C’est étonnant que le Père Eymard, connu comme un apôtre de l’Eucharistie, dans sa correspondance jamais il ne parle du jour anniversaire de sa première communion, mais par contre il rappelle souvent le jour de son baptême ! Et jamais il oubliait de le commémorer avec un profond sentiment de gratitude.

C’est pour cela que nous faisons mémoire de son baptême âpres 200 années, mais nous nous rappelons le jour de notre baptême ? En effet le baptême a été pour le père Eymard la pierre d’angle de toute sa vie et de sa vocation. Pour lui, la vie spirituelle de chaque individu est une croissance de la vie nouvelle, évangélique, reçue au départ par l’incorporation au mystère pascal par la foi et le baptême.

Si le baptême est la participation à la mort et à la résurrection de Jésus, ce même mystère se réalise sans cesse en nous, toute notre vie est un passage à travers la mort pour arriver à la résurrection, à la vie nouvelle en Jésus Christ. Trois mois avant sa mort, dans la retraite de Saint-Maurice (27 avril – mai 1868), le père Eymard rappelle encore une fois sa vocation eucharistique, le chemin de sa vie, toujours marqué aussi par toute une série de morts : la mort à la Société de Marie ; la mort à la réception de l’Archevêque de Paris ; la mort personnelle quand, abandonné, tout seul ; la mort à Rome, lors du Décret ; la mort la plus sensible (séparation du premier compagnon)…(OC V, 392-393). Mais dans une vision baptismale de la vie, c’est la vie qui a le dernier mot. Et le père Eymard conclu : Et cependant la vie suit la mort.

Pour être sel de la terre et lumière du monde à la manière de Jésus, il faut que nous aussi, que chacun de nous, descende dans la mort de soi même, de son égoïsme, de son orgueil pour une vie nouvelle. Nous pouvons nous demander : Qu’est-ce qu’il y a de moi-même qui doit mourir?

Le prophète Isaïe (1e lecture) nous vient en aide en disant : Si tu fais disparaitre de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans le ténèbres …

C’est seulement par cette descente qu’il est possible espérer de remonter une vie nouvelle, la vie nouvelle que le baptême fait naitre en nous, une vie qui suit la mort, un vie d’union avec Jésus surtout dans la prière et l’Eucharistie et que devienne une vie d’amour comme a été pour le père Eymard, qu’il est devenu capable de partager son pain avec les pauvres et surtout les jeunes ouvriers qui étaient éloignés de la foi.

Aujourd’hui je prie avec vous et pour vous à fin que votre communauté devienne, à la suite de Jésus, de plus en plus, sel et lumière pour tous ceux qui vous rencontreront.